Si nos élus truffent la commune
de projets immobiliers, qu’on les excuse, c’est parce que le Grenelle de
l’environnement l’a décidé ainsi. Si, si: il faut densifier !
Pour savoir si c’est du lard ou
du cochon, il faut se pencher sur l’assiette. Voici alors le résultat de l’examen.
Oui, le Grenelle demande aux
communes d’arrêter d’empiéter sur les surfaces agricoles et naturelles :
pour préserver l’avenir, il vaut mieux en effet.
Oui, le Grenelle souligne que des
villes resserrées permettent de limiter les déplacements automobiles et les
dépenses en énergie : cela tient de l’évidence.
Non, le Grenelle ne dit pas qu’il
faut densifier pour densifier. On densifie pour atteindre des objectifs très
précis :
· Les services publics (distribution d’eau, réseau
d’assainissement, ramassage scolaire, distribution postale,…) sont moins
onéreux.
·
Les trajets domicile – commerces et domicile –
travail sont raccourcis.
· Des espaces sont préservés pour de futures
activités (par exemple pour la production d’énergie renouvelable) tout en
permettant un développement de l’habitat résidentiel.
Oui, la loi demande maintenant
aux communes et communautés territoriales de fixer des densités minimum dans
leurs documents d’urbanisme, alors qu’avant ces documents fixaient des densités
maximum. La priorité ne semble plus au bien-être individuel (limiter la
promiscuité, …) elle est à l’économie d’énergie et d’espace. Oyez bonnes
gens !
Dans de grandes villes comme
Rennes ou Paris, des immeubles remplacent progressivement les parcs et les
maisons. Ils sont parfois livrés sans aucun parking : frottez-vous les
mains pour le garage à vélo et l’arrêt de bus!
Et La Richardais dans tout ça ?
Au risque de vous décevoir, nous
allons ranger notre fière commune dans la catégorie des « petits
bourgs » puisque, même dans les projets les plus fous de densification,
nous restons bien en deçà des 5000 habitants.
Voyons donc ce que disent les experts
de l’urbanisme sur des Gueuzas comme la nôtre.
Surprise, ils avouent que des
immeubles collectifs ne se justifient pas forcément ! Qu’on ne doit pas
raisonner pour les bourgs de la même façon que pour les villes et que tout
dépend de la réalité du terrain. Est-ce possible ? Mais alors comment
faire ?
Revenir à l’objectif. C’est quoi
l’objectif ? se demande le lecteur qui, comme le conseil municipal, n’a
pas tout suivi. Ah oui ! La Richardais veut continuer à se développer. +1%
d’habitants par an, ce serait le nirvana, vous en rêvez vous aussi !? Ca
justifie les immeubles qui vont agrémenter bientôt le passage Piqueriotte puis
le quartier Malabry.
Car bon nombre de propriétaires à
La Richardais ne vivent pas sur la commune. Voilà pourquoi nos élus proposent
de bétonner pour compenser ces logements « égarés » en résidences
secondaires. Posons une question bête : et si, plutôt que du béton, on
créait des emplois à La Richardais, est-ce que nos résidents secondaires ne resteraient
pas pour y vivre ? Tous ceux qui ont dû s’exiler pour trouver du travail
ne rêvent-ils pas de revenir occuper leur maison vide ? Autrement
dit, est-ce que l’inflation des logements vient du développement de la commune
ou de sa panade ?
A propos de panade, parlons des
commerces. Un des motifs de densification, nous l’avons vu, est de rapprocher
les logements des commerces. Grâce à quoi vous pourriez aller à pied ou en vélo
faire vos courses, dit le Grenelle. Ah… Nous avons tout faux ? Chez nous
les commerces s’étalent négligemment sur tout le Nord-Ouest de la commune
tandis que le centre et la majorité des logements se serrent à l’autre bout… Le
PLU va-t-il mettre un terme à cette contradiction ? Eh bien non !
La densification n’est d’abord
prévue que pour l’habitat (tassez-vous, tassez-vous !), pas un mot des commerces
qui prennent le chemin inverse… Pour ce qui est des temps de trajet, la mairie
a raisonné à l’intérieur du centre : logements-superette ou
logements-poste. Oups ! Deux mauvais exemples puisqu’il va bientôt falloir
une voiture pour s’y rendre… Ou un vélo ! L’équipe municipale
souhaite développer l’usage du vélo. En avant les volontaires… et même en
hiver. Ciel ! Et notre superbe mairie, va-t-elle à son tour se déplacer
dans les nouveaux locaux de la Communauté de Communes à Cap Emeraude, à portée
de pédale ?
Sérieusement, combien sont les
Richardaisiens qui pourront aller travailler à pied, à vélo ou en bus ? En
métro peut-être ? Ah non, en TADY bien sûr !
Troisième objectif : des
habitats denses sont souvent moins onéreux. Chez nous les terrains sont hors de
prix et les maisons aussi. Est-ce que le PLU prévoit de l’habitat à prix
maîtrisé ? Sur les terrains communaux par exemple ? Ou on se
satisfait de n’avoir que 6% de logements sociaux sur la commune ? Euh…
Merci de reposer cette question après les élections.
En fin de compte, plutôt que de
céder notre urbanisme à un petit cabinet de consultants, on ferait peut-être
mieux de réfléchir entre nous à ce que nous voyons comme avenir à notre
commune : ce sera une ville-dortoir ? une ville de
villégiature ? un bassin d’emploi ?
Ah, trop tard, le flash info a
frappé de sa foudre : le projet de PLU sera « arrêté » (figé) à
la fin du mois. Là où il aurait fallu demander l’avis des Richardaisiens
eux-mêmes, on a préféré verrouillé celui des technocrates. Il ne vous reste
plus qu’à venir à la réunion publique de clôture, le 24 juin 2013. Au moins
vous saurez à quelle sauce vous allez être logés. Venez nombreux !
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